N°2 du 19 janvier

Appeler à l’aide, c’est reconnaître viscéralement que je ne peux pas m’en sortir seul avec mes forces personnelles. Celui ou celle qui mendie à Dieu ou aux autres un appui, appartient au peuple des humbles, peuple dans lequel le Christ reconnait ses frères et ses sœurs. Il n’a pas dédaigné de demander la bénédiction d’une femme étrangère : « donne-moi à boire ! », lui a-t-il demandé au bord du puits de Samarie.

Une bénédiction, ce n’est pas un gain au loto ni la chance de décrocher un bon job, c’est foncièrement d’ordre spirituel, c’est une étreinte divine qui vous remet en route, au milieu des galères et des éprouvantes fragilités de l’existence. C’est une parole reçue dans le silence du cœur, dite par un ami : « tu as du prix à mes yeux ! » Et celui qui prononce la bénédiction a lui-même le désir d’un mieux vivre et d’un mieux aimer.

Bénir et être béni, c’est d’abord recevoir une force d’en-haut, c’est reconnaître que Dieu seul bénit sa création et chacune de ses créatures. Il bénit dès l’origine, et il nous recrée sans cesse dans ce geste amoureux de l’origine ; voilà ce que signifie bénir ! Et nous pouvons dès lors entendre partout et toujours ceci : laisse-toi saisir par l’amour qui t’a créé et par ce Dieu qui est avec toi pour te protéger et te faire progresser.

Redisons-le, une demande de bénédiction est une demande pour être soutenu là où nous ne parvenons pas, de nous-mêmes, à avoir une vie entièrement bonne dans nos relations avec les autres. L’Église appelle cela « la foi simple du peuple de Dieu qui, même au milieu de ses péchés, sort de l’immanence et ouvre son cœur pour demander l’aide de Dieu. »[1] 

Nous avons tant besoin de ne pas être refermés sur nos situations difficiles et sur nos incapacités à vivre mieux ! Nous aspirons à la bénédiction qui aide à mieux avancer, à ne pas céder à la tristesse et au découragement, et qui aide à retrouver la confiance ! Les humbles qui demandent à être bénis constituent « ce peuple de Dieu qui reçoit le don de la bénédiction jaillissant du cœur du Christ à travers Son Église. »[2]

Certaines circonstances empêcheraient-elles le rayonnement salutaire de la bénédiction ? Bénir n’est pas valider une situation de fait, c’est appeler une aide de la part de Dieu et c’est reconnaître que chaque personne est digne en elle-même, en son fond d’image et ressemblance de Dieu. Bénir, c’est dire du bien en toute circonstance, ce n’est pas approuver des actes. Et vraiment, qui n’éprouve pas le besoin de grandir en liberté et en bien, à travers les déterminations psycho-affectives qui le constituent ?

+ Benoît RIVIÈRE

 

[1] Communiqué de presse du dicastère pour la doctrine de la Foi – 4 janvier 2024

[2] Fiducia supplicans n°1